© Lord Eurel C’est au cœur du Mile-End que Mohamed Ould Atigh, le fondateur de La Khaïma, a choisi de planter sa tente (traduction littérale du mot en arabe). Originaire de Mauritanie, il incarne l’esprit des Berbères nomades, ces voyageurs du désert qui se déplacent au gré du vent et du sable. Dès qu’on franchit la porte, on quitte Montréal : les tapisseries colorées suspendues au plafond, les banquettes moelleuses et les tables basses (un peu trop basses à mon goût) recréent l’atmosphère chaleureuse d’un bivouac dans le Sahel.
Ici, pas de carte compliquée : le menu se vit comme une expérience commune. Une soupe en entrée, un couscous généreux décliné en versions carnées ou végétariennes, et un thé à la menthe pour clore le repas (le tout pour 30 $ CAD). Une formule simple, mais largement suffisante tant la convivialité et les saveurs compensent l’absence de choix.
La soupe de lentilles, profonde et réconfortante, prépare idéalement le palais. Elle évoque autant la chaleur d’un feu de camp mauritanien que celle recherchée après une promenade dans le froid montréalais. Vient ensuite le grand plat : un couscous aux portions copieuses, servi ce soir-là en trois déclinaisons : poulet, olives et citron confit ; bœuf, raisins secs et dattes ; et légumes mijotés. Les notes sucrées-salées s’équilibrent avec élégance : la viande, halal, est fondante, et les épices (cannelle, cumin, coriandre) rappellent les parfums du Maghreb.
Seule petite fausse note : la semoule se fait discrète et les carottes râpées en décoration paraissent superflues, rompant un peu l’harmonie du plat.
Le thé à la menthe, versé avec panache depuis une hauteur vertigineuse pour l’aérer, clôt l’expérience avec douceur. Sa mousse parfumée adoucit la fin du festin et accompagne le retour au froid extérieur, comme si, en quittant la tente, on replongeait dans la nuit du désert mauritanien.
